Bovinella 2025 Berne – les 10 ans de la plus grande formation continue suisse sur les bovins

Santé des onglons: La numérisation, c’est bien, la mise en œuvre conséquente, c’est mieux !

Le professeur Adrian Steiner a démontré que quatre mesures principales et quatre mesures secondaires suffisent si elles sont mises en œuvre à plus de 50 %. Le taux de boiterie diminue et l'investissement du travail pour le soin des onglons est amorti. Même la dermatite digitale chronique (maladie de Mortellaro) peut guérir : 26 lésions sur 26 ont disparu cliniquement, 23 sur 26 sont devenues PCR négatives lorsque le traitement et les mesures d'hygiène ont été appliqués de manière cohérente. Les vaches atteintes de dermatite digitale ne sont donc pas des cas problématiques à vie. Contre toute attente, la vue d'ensemble montre également que la race et l'âge influencent davantage la fréquence des infections. Ce dernier point confère une importance accrue aux valeurs d'élevage pour la santé des onglons. Dans la pratique, cela signifie que la documentation, une liste de priorités claire et un contrôle quantitatif a posteriori sont obligatoires. C'est la seule façon de transformer la numérisation de la collecte de données en un gain mesurable pour la santé des onglons.

Formation des futur-e-s vétérinaires : oublions le perfectionnisme et visons la résilience !

La professeure Kerstin Müller a mis en garde contre un trop grand perfectionnisme : des exigences élevées, une faible résilience et un manque d'estime de soi poussent de nombreux/ses étudiant-e-s à quitter prématurément la profession. Il est apparu clairement que la pratique est confrontée à une pénurie de personnel, à la numérisation croissante et à des attentes toujours plus élevées en matière de bien-être animal. L'élevage d'animaux de rente se concentre, il y a de plus en plus d'animaux de compagnie dans les villes et les traitements se transforment en conseils. L'essentiel reste la maîtrise sûre des interventions courantes, les soins d'urgence, l'interprétation des résultats et le système d’annonces, complétés par des compétences en matière d'IA et d'assurance qualité. Les nouveaux programmes d'études doivent miser sur l'auto-apprentissage accompagné, sur les principes plutôt que l'accumulation de faits ainsi que sur  la formation à la communication et à des « compétences de base » clairement définies. « Panta rhei » : la personne qui connaît ses propres limites façonne le changement au lieu de se laisser submerger par lui.

105 ans Rusterholz – l’ulcère de la sole: tout ce que vous voulez savoir

Le professeur Karl Nuss a présenté la réponse de pourquoi l’onglon latéral est le plus souvent touché d’ulcère de sole sur les postérieurs.L’onglon latéral est plus long de 5 à 8 mm et touche donc le sol en premier – il supporte jusqu'à 68 % de la charge sur les membres postérieurs. Cette asymétrie congénitale crée un cercle vicieux. Un sol mou (pâturage), une large cavité centrale et un parage régulier des onglons réduisent considérablement le risque. Conclusion pour la pratique : en combinant des tapis moelleux, des temps de repos suffisants et un parage correct des onglons avant le tarissement, on réduit de moitié la prévalence des ulcères de la sole et, ainsi les coûts liés à la boiterie.

Mammite = Mammite ? – Non, dit la professeure Michèle Bodmer

Actuellement, les germes contagieux ont tendance à diminuer alors que les agents pathogènes liés à l’ environnement dominent. Le principe « mammite + antibiotiques = guérison » n'est pas correct. Une approche individuelle en plusieurs étapes est encouragée : un prélèvement systématique d'échantillons, l’identification des agents pathogènes et un traitement ciblé remplacent une thérapie de routine. Le traitement antibiotique de la mammite n'est désormais indiqué que dans des cas particuliers ; de nombreux cas peuvent être résolus avec des AINS, des mesures de soutien et une hygiène de traite stricte. La nouvelle équation est la suivante : « mammite + diagnostic + gestion = santé de mamelles et qualité durable du lait ».

Boiterie pendant la phase tarie : petite fissure, gros risque

Le professeur Johann Kofler a démontré que des fissures inoffensives peuvent se transformer en infections profondes en quelques semaines, ce qui oblige à opérer les vaches en urgence et les rend plus vulnérables aux maladies (notamment cétose et troubles de la fertilité). Si l'on pare les onglons de chaque vache (y compris les génisses) 9 ou 10 semaines avant le vêlage, puis que l'on vérifie brièvement tous les 15 jours si elles boitent et que l'on intervient immédiatement à partir du score 2, on réduit de moitié les ulcères de la sole et les abattages/euthanasies. Il est également recommandé de veiller à avoirun sol souple, un traitement de suivi cohérent et des parages réguliers 3 à 4 fois par an pour les vaches à haut rendement et les vaches âgées. En bref : un contrôle de la boiterie avec traitement si nécessaire avant le tarissement = une durée de vie plus longue et nettement moins de stress pour tout le monde.

L'avenir de la médecine vétérinaire appliquée aux animaux d'élevage : viser du personnel qualifié, plutôt que de subir une pénurie de main d’œuvre

Selon le professeur Alexander Starke, les changements structurels et le manque de personnel mettent en péril la santé animale, la rentabilité et la santé mentale des agriculteurs/trices et des vétérinaires. La gestion moderne des troupeaux exige des compétences « tout-en-un » : du diagnostic individuel des animaux à l’analyse des données du troupeau en passant par desconnaissances juridiques etdes connaissances de base en agronomie (alimentation, étables, climat). Cela nécessite des emplois attractifs et des centres de formation mieux financés. C'est pourquoi la profession doit s'associer à l'agriculture et à la politique pour améliorer les conditions cadres

Actinomycose: Détecter précocement les protubérances maxillaires dures

La professeure Gaby Hirsbrunner a rappelé l'existence de la maladie dite de la «lumpy-jaw» (mâchoire “grumeleuse”  : Actinomyces bovis pénètre par de petites lésions de la muqueuse et forme un abcès granulomateux dans la mâchoire, souvent visible seulement plusieurs semaines plus tard. Le diagnostic peut être confirmé par un examen clinique, une radiographie et une ponction à l'aiguille fine (présence typique de « grains de soufre »). Un traitement précoce à la pénicilline, aux AINS et, si nécessaire, à l'iodure de potassium (10 g/jour – surveiller l'apparition d'un léger larmoiement) permet de guérir la plupart des cas. Dans les cas très avancés, il ne reste plus que l'abattage ou l'euthanasie. Il est donc important de diagnostiquer et de traiter immédiatement les protubérances maxillaires dures.

Quand une vache ne peut plus se lever: la protection musculaire commence au sol

Comme l’a expliqué la Dr Maike Heppelmann, 0,8 à 6 % des vaches restent couchées après la mise-bas, dont une sur cinq en raison de lésions musculaires/nerveuses. La complication secondaire la plus importante est le syndrome des loges. Un sol souple et un changement de position toutes les 3 à 4 heures permettent d'éviter la nécrose ischémique. Un examen complet des deux côtés de la vache -ce qui n'est pas toujours facile à réaliser dans la pratique- est à la base de la décision : faut-il traiter ou non ? Les objectifs du traitement sont de lutter contre la cause première et de minimiser les dommages secondaires. Si la vache ne mange pas, ne boit pas et qu’elle ne peut pas se lever, le pronostic est mauvais. Certaines mesures sont essentielles : mettre la vache sur un sol mou, la retourner toutes les 3 à 4 heures, lui entraver les postérieurs, tenter de la lever de façon contrôler ou lui un bain relaxant qui est le plus doux. Conclusion : un examen complet des deux côtés est obligatoire. en l'absence d'amélioration ou en cas de mauvais état général, la décision d'euthanasie doit être prise rapidement.

Le professeur Ulrich Bleul (Zurich) a résumé les enseignements tirés des mammites toxiques à entérobactéries :

La gravité et les chances de guérison dépendent principalement de l'agent pathogène. Les infections à E. coli offrent les meilleures perspectives en cas de faible résistance et de disponibilité d'un vaccin, tandis que les Klebsiella, malgré leur sensibilité in vitro, entraînent souvent un échec thérapeutique et présentent un risque élevé de toxémie.

Perspectives pour la prochaine Bovinella

Pour finir, un petit aperçu de la 11e Bovinella a été donné. Elle se déroulera en présentiel sur deux jours en 2027.

 

Auteure: Teja Snedec SBS

 

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