La bronchopneumonie enzootique des veaux est un problème majeur dans l‘élevage des veaux. Dans la prévention de cette maladie multifactorielle, le climat d‘étable joue un rôle important. Lara Moser de SBS a consacré le webinaire de novembre à ce thème. Elle s'est notamment penchée sur l’influence du logement des veaux sur la santé des veaux. Les conditions climatiques idéales pour les veaux sont une température de 10-20° et sans courants d’air. Une température plus basse peut être supportée avec un apport plus élevé de calories et un climat sec. Les veaux sont sensibles au stress (changement de routine, social, environnemental, maladies…) et aiment se coucher dans des cachettes. Cela peut être problématique s'il y a une accumulation des gaz nocifs dans les bords où se tiennent volontiers les veaux.
Selon les études scientifiques, les logements qui répondent aux conditions suivantes sont liés à une amélioration de la santé des veaux : des lots de petites tailles dont l’effectif ne varie pas, des barrières solides entre les boxes et assez de place et volume d’air par veau. Il est tout aussi important de les séparer clairement des adultes. Une litière abondante et sèche favorise une qualité d’air avec le moins possible de gaz nocifs (ammoniac par ex). La présence de tétine individuelle ou désinfectée entre les buvées est aussi un facteur reconnu pour l’amélioration de la santé des veaux.
Mais le logement doit aussi répondre aux exigences des éleveurs/ -ses en étant pratique pour le travail quotidien. Il devrait permettre des tâches mécanisées, être facile à nettoyer et à désinfecter tout en favorisant une bonne surveillance des animaux et le tout dans une bonne ambiance de travail (lumière). Bien entendu, les locaux doivent aussi être modulables pour, par exemple, créer des groupes de différentes tailles. Le logement doit répondre au facteur climat et doit convenir pour toutes les saisons. Il devrait avoir le moins possible de gaz nocifs (CO2, ammoniac, sulfure d’hydrogène), peu de germes, avoir un taux d’humidité de 50-80 %, être ni trop chaud, ni trop froid et avec le minimum de mouvements d’air. Les veaux tolèrent un maximum de 0.25 m/sec. On peut observer que, quand on dépasse cette vitesse, la paille bouge spontanément.
Il existe des appareils de mesure qui peuvent mesurer les paramètres évoqués ci-dessus. Par exemple, le Rotronic® qui mesure la quantité de CO2 (idéal < 1000 ppm), l’humidité et la température. On peut aussi utiliser des fumigènes pour évaluer le renouvellement de l’air et les zones où l’air peut stagner. Il existe des appareils qui échantillonnent les germes contenus dans l’air (avec un prix d’achat conséquent) et des appareils de détection de l’ammoniac et des autres gaz nocifs. La thématique du renouvellement d’air dans une étable est essentielle pour un bon climat. Il faut tenir compte du fait que l’air ne bouge que très peu spontanément et prend le chemin le plus court. L’air chaud monte, l’air froid descend. Aucun concept de bâtiment ne fonctionne de manière optimale toute l’année. De plus, contrairement au bétail adulte, les petits veaux ne produisent que peu de chaleur. Cette contrainte doit aussi entrer en ligne de compte pour les réflexions sur le renouvellement de l’air.
Le renouvellement de l’air peut se faire de manière passive, comme, par exemple, dans une étable à front ouvert. Il existe aussi des systèmes d’aération sous le toit : l’air frais entre par les fentes sur les côtés du bâtiment, descend dans l’étable, est réchauffé par la chaleur des animaux puis remonte et est finalement évacué par l’ouverture au faîte. Ce système dépend beaucoup de la température extérieure ! Cela ne fonctionne plus s’il fait chaud. En outre, pour une étable à veaux, il peut présenter le risque que trop d’air froid tombe sur les veaux.
Un autre système de renouvellement passif de l’air est la ventilation transversale, par les fenêtres, avec ou sans filets brise-vents (l’efficacité de ces derniers est fortement influencée par leur propreté) ou par les « spaceboards » (paroi avec fentes).
Quant au renouvellement actif de l’air, il peut être obtenu par des ventilateurs. Il faut tenir compte que la vitesse de l’air est rapide proche du ventilateur mais que plus loin, elle diminue fortement jusqu’à l’arrêt.
Un autre système très performant de renouvellement actif de l’air est obtenu avec des tuyaux perforés qui permettent d’apporter beaucoup d’air avec peu de courants d’air. Le système présente le désavantage du coût assez conséquent et de l’entretien.
Et les igloos ? Ils sont bien au niveau hygiène, mais en été, ils présentent un risque de surchauffe. La température mesurée dans un igloo est de 10° de plus qu’à l’extérieur ! Un toit sur les igloos serait idéal, mais cela n’est pas autorisé pour le programme SRPA. Leur orientation est importante. L’idéal serait qu’en hiver, ils soient orientés au sud et en été, au nord. Les igloos à deux places sont économiquement intéressants et efficaces au niveau nettoyage. Ils permettent un comportement social et, avec uniquement deux veaux, ils ne posent pas de soucis d’hygiène. Finalement quelle est la meilleure option ? Les deux exemples suivants sont de bons compromis, mais chaque système a des avantages et des inconvénients dont il faut tenir compte. Pour une étable avec une ventilation forcée, il faudra veiller à la prise d’air. Celle-ci ne devra pas être dirigée vers le tas de fumier ou vers les animaux plus âgés.
Les igloos situés à l’extérieur ont l’avantage d’avoir beaucoup d’air frais et sont utilisables avec de petits groupes, mais le point central est de mettre beaucoup de litière et de prévoir une protection contre les intempéries. La direction des vents dominants doit être prise en compte pour toutes les installations.Nous avons ensuite eu la visite virtuelle de l’exploitation d’Astrid et Philippe Pape à Frégiecourt qui ont choisi de construire un bâtiment pour l’engraissement de veaux et de taureaux. Ils nous ont expliqué le fonctionnement de leur atelier engraissement.
Les veaux, à leur arrivée, sont détenus dans des igloos de 5 places durant environ 4 semaines avant d’être vaccinés. Après, ils sont transférés dans le bâtiment principal. Celui-ci est séparé en plusieurs boxes qui permettent de répartir les animaux en fonction de leur accroissement. Le premier box est celui de leur arrivée, le deuxième celui du sevrage (dès 130 kg) et ainsi de suite.
Le bâtiment a des rideaux côté nord et sud pour permettre de gérer au mieux le climat. Les Pape ont investi dans des panneaux isolés pour les côtés et le toit. Les boxes sont curés toutes les 6 semaines. Chaque veau a sa tétine individuelle qui est nettoyée chaque jour. Avec leur nouveau système de détention et de management, les Pape ont vu la santé de leurs animaux s’améliorer visiblement et leurs frais vétérinaires diminuer d’environ 50%.
Cette exploitation est un exemple parfait d’amélioration de la santé animale par de meilleures conditions de détention et de climat.
Auteur Véronique Schneider SBS
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