Fiche technique Sélénium

L’utilité du sélénium et les symptômes de carence:

Le sélénium est essentiel à la production d’enzymes antioxydantes protégeant les cellules contre le stress oxydatif. Il joue un rôle important à différents niveaux :

  1. Antioxydant puissant : Le sélénium entre dans la composition de la glutathion peroxydase, une enzyme clé qui protège les cellules contre les dommages oxydatifs et qui contribue à la protection des membranes cellulaires, notamment dans les muscles et les globules rouges. C’est également un élément essentiel de la production de cystéine (un acide aminé essentiel). Il joue un grand rôle dans la guérison de maladies inflammatoires et dans les paralysies puerperales.
     
  2. Fonction immunitaire : Il soutient une réponse immunitaire efficace, notamment en améliorant la phagocytose et la production d’anticorps IgG ; ce qui permet entre autres une meilleure réponse aux vaccins. Une carence peut entraîner une augmentation de la sensibilité aux infections, notamment respiratoires, digestives et mammaires (augmentation du nombre de cellules somatiques possible).
     
  3. Meilleure absorption des anticorps du colostrum lors des premières heures de vie du veau : Une alimentation adéquate (élevée) des vaches taries en sélénium permet à leur veau une meilleure absorption des anticorps maternels via la pinocytose et ainsi une meilleure immunité passive.
     
  4. Santé reproductive : Le sélénium joue un rôle dans la fertilité (retour en chaleur, taux de conception bas), la qualité du sperme et contribue activement à prévenir le risque de rétention placentaire et de métrites.
     
  5. Santé des veaux : il intervient dans le développement musculaire, il prévient la maladie du muscle blanc, une myopathie dégénérative grave. D’autres symptômes associés au manque de sélénium existent : faible reflexe de succion, insuffisance cardiaque, détresse respiratoire (syndrome de Rolling), faiblesse, léthargie et mortalité néonatale.

Quantité de sélénium dans les fourrages:

Plusieurs études, effectuées entre autres par la HAFL ou l’Agroscope ont montré que quelle que soit la région, les pâturages et les fourrages suisses étaient pauvres en sélénium. Les teneurs en sélénium dans les fourrages verts se situent entre 0.03 et 0.07 mg par kg de matière sèche (MS) et celles de l’ensilage de maïs se situent en dessous de 0.01mg par kg de MS sur tout le territoire.

Les besoins en chiffre :

Selon le livre vert d’Agroscope, les besoins en sélénium du veau et d’une vache en lactation sont de 0.2 mg / kg de MS et ceux d’une vache tarie sont de 0.3 mg /kg de MS (elle doit aussi couvrir les besoins du fœtus). Selon les recommandations 2021 du NASEM (National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine), les besoins pour une vache en lactation sont de 0.3mg /kg de MS pour répondre aux besoins d’une santé et d’une production optimales. Il est important de réaliser que la marge entre les besoins vitaux des animaux et le seuil de toxicité (dès 5mg /kg de MS) est très faible. Ces intoxications peuvent toucher les vaches et leur fœtus.

Les vaches en lactation ont ainsi besoin de 4 à 6 mg de sélénium / jour (0.3 mg Se /kg MS,  pour une consommation de 20 kg MS = 6 mg Se /Tag). Selon le produit et le fournisseur, la teneur en sélénium des compléments minéraux varie en général entre 30 et 50mg/kg. Dans ces cas-là, l’administration de 100g d’aliment minéral / animal / jour (soit 3 à 5 mg de Se) permettrait de couvrir les besoins d’une vache en lactation.

Les formes de sélénium :

Outre le fait que le sélénium peut être apporté sous forme de bolus (dépôt ou flash), d’injections (combiné à la vit E) ou de complément minéral, il est disponible sous forme organique, comme la sélénométhionine, la sélénocystéine ou les levures séléniées, et inorganique, comme le sélénite de sodium.

Les boli et les injections devraient être réservées aux animaux, chez lesquels une carence a été diagnostiquée. Ces animaux doivent être traités de manière « efficace » avant d’être supplémentés par des compléments minéraux. Une injection de 0.13 mg Se/kg de poids corporel permet de supplémenter temporairement la carence et de maintenir les réserves de l’organisme pendant 30 à 60 jours (d’autant plus que les produits contiennent également de la Vit E). 

Le sélénium organique est absorbé efficacement dans l’intestin grêle via les transporteurs d’acides aminés. Une fois absorbé, il est incorporé dans les protéines corporelles sous forme de sélénoprotéines, permettant ainsi la constitution d’une réserve de sélénium dans les muscles et autres tissus. Cette réserve est mobilisable en cas de carence, retardant l’apparition de symptômes cliniques et maintenir des fonctions biologiques essentielles, telles que les mécanismes anti-oxydants et les fonctions des hormones thyroïdiennes. Dans le foie, la sélénométhionine est convertie en sélénocystéine, forme active du sélénium nécessaire à la synthèse des sélénoprotéines, telles que la glutathion peroxydase, qui joue un rôle crucial dans la protection antioxydante.

Selon la réglementation de l’Union Européenne, la levure enrichie en sélénium doit contenir plus de 98 % de sélénium organique et, pour qu’elle puisse être commercialisée en tant que complément alimentaire dans l’UE, sa teneur en sélénométhionine doit contenir minimum 63 % du sélénium total. Il est difficile d’en connaitre la concentration exacte. Elle est très variable d’un produit à l’autre et même d’une charge à l’autre (entre 60 et 85%). La digestibilité de la protéine dans la levure n’est que de 80% environ. Le taux de sélénométhionine disponible pour l’animal est donc moindre que sous sa forme pure.

La biodisponibilité des sources inorganiques est dépendante, entre autres, de leur solubilité sous les différentes conditions gastro-intestinales

Malgré de nombreuses études attestant que la biodisponibilité des formes organiques du sélénium est supérieure aux formes inorganiques, les recommandations nutritionnelles en sélénium pour les bovins sont toujours exprimées en sélénium total, sans distinction entre les deux formes. Cependant, l’apport de sélénium organique et notamment de la sélénométhionine chez la vache améliore de manière significative la concentration de sélénium dans les tissus et dans le colostrum, ce qui renforce l’immunité de la mère et la santé du veau nouveau-né.  

En pratique et en littérature, il est donc préconisé de remplacer une partie du sélénium inorganique par une part d’organique. Vous trouverez les recommandations du NASEM dans le chapitre suivant.

Il n'y a pas que le sélénium – garder une vue d'ensemble

D'autres oligo-éléments tels que le cuivre, le zinc, le manganèse, le cobalt et l'iode sont tout aussi indispensables à la santé et aux performances de nos animaux. Ils agissent en interaction complexe et contribuent ensemble à l'équilibre immunologique, reproductif et métabolique. En cas de problèmes récurrents tels que des pertes au vêlage, des troubles de la fertilité ou des veaux faibles, il ne faut pas se limiter à l'examen de paramètres individuels, mais procéder à une analyse complète du troupeau. Une collaboration entre éleveur, nutritionniste et vétérinaire est ici importante. Une connaissance des teneurs du fourrage est aussi importante que celle du statut sanguin des animaux. Des analyses sont possibles sur Serum ou EDTA selon bilan souhaité. Sur la base de ces résultats une supplémentation ciblée pourra être adaptée aux besoins des animaux. Vous trouverez ci-dessous les recommandations suisses du livre vert d’Agroscope, ainsi que les recommandations du NASEM (National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine).

 

Remerciements :

Je tiens à remercier chaleureusement Patrick Schlegel (Agroscope) et Luca Fabozzi (Zinpro) pour leur expertise, leur disponibilité et leur gentillesse.

En résumé 

 

Auteure: Amandine Baumert SBS

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