C’est une vingtaine de vétérinaires qui a fait le déplacement à Grangeneuve pour une journée de formation spéciale « Vaches Allaitantes » très instructive. Les questions et échanges ont montré que cette thématique est importante et vaste.
Mais avant de parler de techniques vétérinaires à proprement parler, nous avons eu un exposé sur la réalité du marché suisse. M. Raymond Béguin, membre du comité de Vache Mère Suisse et éleveur, et Mme Esther Manser-Ammann, responsable de la commercialisation des labels, nous ont présenté le fonctionnement de l’association Vache Mère Suisse et ses différents labels. Il est important de considérer que la tendance générale en Suisse est une augmentation du nombre de vaches allaitantes et une diminution de celui des vaches laitières.
Pour recevoir un label lié à Vache Mère Suisse, les taureaux doivent être inscrits au Herd-Book des races bovines à viande et la mère doit avoir un pourcentage de race à viande minimal. Pour les labels Natura-Veal (abattage à environ 5 mois), Natura-Beef (abattage à environ 10 mois) et Natura, le sevrage doit être direct de la mère et des exigences liées à l’alimentation et à la détention doivent être remplies. De même pour les labels SwissPrimBeef, Premium Beef et Naturafarm.
Vache mère Suisse a mis en évidence les réalités économiques liées à la production de viande, comme la saisonnalité de la production et de la demande, et donc du prix moyen payé au producteur. Le contrôle des exploitations est fait par un organisme neutre.
Dr Chantreau Jérôme, Président de la commission Vaches Allaitantes à la SNGTV et vétérinaire praticien en France a pris la parole pour un exposé sur la productivité numérique soit un veau par vache et par an. Pour atteindre cette cible, il est nécessaire de veiller à la reproduction des mères et de diminuer la mortalité des veaux.
Améliorer la reproduction, une simple phrase mais pourtant un sacré défi avec beaucoup de paramètres ! Avant de parler d’amélioration, il est incontournable de faire le point sur les indicateurs de la fertilité comme les intervalles intervêlage, le taux de gestation ou le taux de fécondité. Cela permettra de mesurer les progrès et d’objectiver la situation. Un suivi de la reproduction surtout fait sens dans les cas où il y a des difficultés. Les leviers d’action dépendent des pathologies rencontrées peuvent aller de la gestion hormonale à la gestion médicale. Bien entendu les aspects de zootechnie entrent en ligne de compte aussi comme la gestion du taureau.
Nous nous sommes arrêtés sur l’alimentation des vaches allaitantes et son impact sur la fertilité. Avant toute chose, Dr Chantreau nous a rappelé le triptyque gagnant : De l’eau, du sel et de la fibre !
Des vaches trop grasses au vêlage augmentent le risque de difficulté au vêlage, de problèmes directement après la mise-bas comme les non délivrances et influencent aussi négativement la reprise de la fertilité. L’excès de matière azotée dégradable dans l’alimentation est aussi impliqué dans la problématique et il n’est pas favorable à la reproduction.
Bien entendu les apports de minéraux et de vitamines sont essentiels à une bonne santé de la mère et à sa fertilité. Un aliment minéral et vitaminé est obligatoire deux mois avant et trois mois après la mise-bas.
La technique des 4 rations (calculée, distribuée, ingérée et valorisée) permet de cibler où pourrait se trouver un point à améliorer. Des analyses complémentaires comme des analyses de sang pour rechercher les oligo-éléments ou des mesures d’AGNE ou de BHB permettent d’objectiver des manques et de les corriger. Bien entendu, la mesure de l’état corporel est aussi un outil simple qui va permettre au vétérinaire et à l’éleveur d’évaluer la ration valorisée. L’objectif est surtout d’éviter de fortes variations au sein du troupeau ainsi que sur la vache durant son cycle annuel.
Pour le deuxième volet de son exposé qui est de diminuer la mortalité des veaux, Dr Chantreau nous a parlé de la gestion du colostrum.
Quand on pense au colostrum, très souvent, on pense en premier aux IgG (anticorps) contenus dans celui-ci. Mais cela est réducteur, en effet le colostrum est le premier apport d’énergie et d’eau pour le veau. En outre, il contient 200 composants essentiels dont des vitamines, des hormones, des moyens de défenses spécifiques comme des cellules et non spécifiques.
Le point clé est le transfert d’immunité passive pour le veau. Celui-ci est influencé globalement par deux aspects : la qualité du colostrum et par son apport.
Prenons déjà la qualité du colostrum, celle-ci est influencée par plusieurs facteurs : l’alimentation de la vache, la génétique, son statut immunitaire, les conditions de détention, le parasitisme. Un colostrum de qualité nécessite impérativement une durée minimale de tarissement de 5 semaines ce qui implique un sevrage du dernier veau. Le mieux est d’isoler les vaches dans les dernières semaines de gestation pour éviter aussi les veaux voleurs. L’hygiène générale et plus spécifiquement de la mamelle est très importante. Toute souillure sur la tétine entre en compétition avec le colostrum.
Concernant la qualité intrinsèque du colostrum, c’est-à-dire, la quantité présumée d’anticorps présents, on peut simplement la mesurer avec un réfractomètre Brix. Le seuil minimal est sujet à discussion mais on vise un minimum de 22%. Une vaccination préalable des mères contre les agents infectieux de la diarrhée, par exemple, sélectionne les anticorps voulus. Une bonne gestion des parasites peut aussi conduire à la production des bons anticorps. Par exemple, une infestation par la grande douve peut conduire à une dérivation du système immunitaire et, in fine, à produire des anticorps inutiles pour le veau.
Revenons à l’apport du colostrum au veau. Ce quart d’heure que l’éleveur consacre à surveiller, voire à abreuver le veau en colostrum est le plus rentable ! La quantité d’anticorps ingérés dépend de la qualité du colostrum, du temps écoulé entre le vêlage et la première buvée, du volume ingéré et suit la règle des 4 Q (Quality, Quantity, Quickly, Quite clean). On peut aussi mesurer sur le veau le transfert colostral au moyen d’une analyse de sang.
Nous avons poursuivi notre journée avec le compte-rendu du travail de Master de Mme Tanja Gächter « Von den Besten lernen – eine Feldstudie » (Apprendre des meilleurs – une étude de terrain). Le but était d’analyser des exploitations qui n’ont pas de problèmes et d’essayer d’en tirer des mesures et des recommandations applicables ailleurs. Sur les 30 exploitations sélectionnées, 12 ont été exclues car la situation sanitaire n’était pas suffisante. Sur les exploitations restantes, il n’a pas été possible de tirer des lignes directrices, la gestion étant très différente d’une exploitation à l’autre. Une tendance est quand même ressortie en comparant les 18 exploitations de l’étude et les 12 autres exclues. Les exploitations sorties sont plus grandes, les apports en minéraux et oligo-éléments ainsi que le nettoyage des boxes de vêlage sont meilleurs dans les 18 exploitations évaluées. Il s'est avéré que la motivation et l'engagement du chef d'exploitation jouent un rôle décisif.
Avant de rejoindre la ferme de M. Burger Christian pour une partie pratique à la ferme, la check-list du SSV pour les vaches allaitantes a été présentée à l'aide d'un exemple d'exploitation. Cette checklist est mise à disposition sur le site internet de SBS. Elle comporte quatre parties principales qui permettent de cibler les points critiques en restant le plus exhaustif possible mais aussi le plus efficient.
La première partie va s’intéresser à la gestion de la vache / génisse avec une question prioritaire du nombre de veau par vache et par an. La deuxième se penche sur la gestion des vêlages, puis sur la gestion de l’élevage des veaux de la première à la quatrième semaine de vie pour finir avec une partie sur l’élevage des veaux dès la cinquième semaine de vie et des généralités.
Nous nous sommes ensuite déplacés dans l’exploitation de M.Burger pour utiliser la checklist sur le terrain. Malgré le fait qu’il y avait peu d’animaux à ce moment sur la ferme, nous avons pu observer, réfléchir, discuter, analyser de façon très constructive et ainsi montrer l’intérêt de la checklist dans nos visites d’exploitation.
Gageons que beaucoup l’utilisent dorénavant !
Auteur Véronique Schneider SBS
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