Richard Eicher, vétérinaire chez Biokema, a ouvert la série de conférences de la soirée. Les oligo-éléments ne peuvent pas être produits par l'animal lui-même et doivent donc être ingérés quotidiennement en petites quantités (traces) avec l'alimentation. De très nombreuses fonctions métaboliques du corps dépendent des oligo-éléments. Les oligo-éléments importants pour les ruminants sont notamment le sélénium, l'iode, le cuivre, le zinc, le cobalt, le manganèse et le fer (surtout chez le veau). En cas de carences, différents symptômes peuvent apparaître chez l’animal, suivant l'oligo-élément manquant. Si l'on soupçonne une carence, il convient de vérifier l'approvisionnement du troupeau. Les méthodes appropriées à cet effet sont les calculs de rations (analyses chimiques des aliments et des fourrages) ou des analyses de sang (prélèvement d'au moins cinq échantillons individuels d'animaux représentatifs et cliniquement sains, et qui ne sont pas proches de la mise-bas). Les analyses de poils sont très sujettes aux erreurs et ne conviennent pas, selon diverses études, car aucune corrélation claire avec les valeurs sanguines n'a pu être démontrée.
Les phases critiques au cours desquelles un manque en oligo-éléments est souvent constaté sont la période de tarissement, l’estivage ou une longue période de pâture (l'herbe ne couvre pas les besoins) ainsi que les phases de stress (p. ex. le stress dû à la chaleur). La mise à disposition de bacs à lécher ne permet pas de couvrir les besoins de manière sûre, car l'absorption varie fortement d'un animal à l'autre. Les animaux sont approvisionnés de manière optimale par des aliments minéraux qui peuvent être donnés en doses quotidiennes régulières dans la ration (respecter le dosage). Les boli à action prolongée, dont la durée d'action est prouvée, conviennent pour couvrir certaines périodes (p. ex. la période de pâture), mais ne peuvent pas remplacer de manière équivalente une administration quotidienne d'oligo-éléments.
L'orateur suivant était Markus Burkard, agronome chez Multiforsa. Les recommandations d'approvisionnement diffèrent selon la classe d'âge, le type d'utilisation (vache laitière vs vache allaitante), la production laitière et le stade de lactation (phase de lactation vs phase tarie). En principe, plus ne signifie pas mieux, car un sur-approvisionnement peut également entraîner des problèmes. Différents facteurs sont responsables d'une carence en oligo-éléments. Celle-ci peut être due à une diminution de l'ingestion (réduction de l'ingestion de fourrage, réduction de la teneur dans le fourrage), à une diminution de l'absorption dans le rumen (notamment en raison d'interactions ou d'un dysfonctionnement du rumen) ou à un besoin accru (en cas de maladie, de stress ou d'infestation parasitaire). La teneur en oligo-éléments de différents aliments est influencée par le type d'aliment, la forme de conservation, la saison et le stade d'utilisation. L'ensilage d'herbe a tendance à contenir davantage d'oligo-éléments que le fourrage vert et le fourrage sec. Plus la plante est âgée, plus sa teneur en oligo-éléments est faible. Il est important de noter qu'un fourrage contaminé par de la terre peut présenter des teneurs élevées en oligo-éléments lors d'une analyse, mais que ces oligo-éléments ne sont pas disponibles pour les animaux. Les teneurs en sélénium et en cobalt sont très faibles dans la plupart des aliments. Le fer ne doit pas être supplémenté, sauf chez le veau.
Règle générale concernant la quantité de minéraux à distribuer :
Pour un approvisionnement optimal, il faut d'abord déterminer les teneurs en oligo-éléments de la ration par des analyses, puis compléter la ration avec un aliment minéral adapté.
Le troisième et dernier intervenant, Remo Wyss, vétérinaire et agronome du Vetteam Willisau, a présenté le point de vue du praticien. Pour garantir un apport optimal en oligo-éléments, il ne suffit pas d'analyser les aliments, mais il faut aussi déterminer l’ingestion de MS, car celle-ci influence considérablement la situation d'approvisionnement. L’ingestion de MS est influencée par l'offre en fourrage, l'eau disponible, la qualité du fourrage ainsi que la production et la température. L’ingestion peut être réduite par des maladies métaboliques, des acidoses de la panse, des changements d'alimentation, des erreurs d'élevage, une mauvaise technique d'alimentation et diverses maladies. La valorisation des oligo-éléments est perturbée lorsque la panse souffre d’acidification, mais elle peut également être perturbée par des troubles digestifs (p. ex. diarrhée), des antagonistes (p. ex. fer) et des fixateurs de toxines. Il y a donc de nombreux aspects à prendre en compte sur l'exploitation pour que les animaux soient approvisionnés de manière optimale. A l'aide de plusieurs exemples pratiques, Remo Wyss a montré qu'une carence en oligo-éléments peut avoir une influence sur la santé des animaux, mais qu'elle n'est qu'une pièce importante du puzzle parmi d'autres dans le traitement d'un problème de cheptel. Cette intéressante contribution a permis de clore la soirée de conférences.
Un grand merci aux orateurs et à toutes les personnes auditrices pour cette soirée de conférences passionnante !
Auteure: Christina Widmer SBS